Mara KANTE

Extrait du Journal de Saône et Loire, édition du samedi 22 octobre
http://www.lejsl.com/actualite/2011/10/22/3-a-15-ans-pour-trois-des-accuses-deux-acquittes

Villiers-le-Bel
3 à 15 ans pour trois des accusés, deux acquittés

Les assises des Hauts-de-Seine qui rejugeaient les quatre tireurs présumés des émeutes de Villiers-le-Bel, ont condamné trois des accusés à des peines de 3 à 15 ans de réclusion.

La cour d’assise a prononcé un acquittement. Le cinquième accusé, qui comparaissait pour avoir fourni une arme aux émeutiers, a lui aussi été acquitté. « Justice a été faite d’un côté mais de l’autre côté justice n’a pas été rendue. On crie, on crie et on criera toujours parce qu’il y a de l’autre côté nos frères qui ont pris des peines très lourdes », a déclaré un des acquittés, Maka Kanté, reparti libre du tribunal de Nanterre.

90 policiers blessés
Lors du premier procès en juin 2010, les quatre tireurs présumés âgés de 24 à 30 ans avaient écopé de peines de 3 à 15 ans de prison pour avoir ouvert le feu sur les forces de l’ordre lors des deux soirées d’émeutes des 25 et 26 novembre 2007 qui avaient suivi le décès accidentel de deux adolescents.

Quelque 90 policiers avaient alors été blessés par des cartouches de plomb.

Prononcé dans une salle comble après plus de neuf heures de délibéré, le verdict a été accueilli dans la colère et la confusion par la foule qui patientait à l’extérieur de la salle d’audience sous haute surveillance policière. Clamant leur innocence tout au long des trois semaines de débats, les deux principaux accusés, les frères Adama et Abderhamane Kamara, ont été condamnés à des peines de 12 à et 15 ans de réclusion, conformément aux réquisitions du parquet qui avait fustigé leur volonté de « tuer des policiers ».

« Pour les victimes que je défendais l’objectif est rempli. Les deux meneurs partent en prison ce soir et sur ce point la justice est passée », a commenté Me Laurent-Franck Liénard, un des avocats des policiers. Ancien médiateur à Villiers, Adama Kamara avait assuré pendant les débats avoir « tenté de calmer les jeunes » le soir des affrontements alors que le ministère public avait fait de lui le « leader des émeutes ».

À ses côtés dans le box, son frère Abderhamane, présenté par le ministère public comme « le tireur le plus déterminé et le plus efficace », avait reconnu ne pas « aimer la police » mais nié avoir ouvert les feux.

« Je suis pas fou, je connais les peines encourues », avait-il lâché, mettant les accusations portées contre lui sur le compte des « rumeurs » de la cité. Au cours des trois semaines d’audience, cette thèse avait été longuement développée par la défense qui avait dénoncé une enquête « bâclée » en espérant profiter des défections en série enregistrées par l’accusation.

Lecture des dépositions des témoins
Aucun des quatre témoins sous X qui avaient mis en cause les accusés pendant l’enquête n’a déposé devant la cour, contraignant le président à faire lecture de leurs dépositions. Un témoin à charge crucial, qui devait venir déposer à visage découvert, a lui aussi fait faux bond en dépit d’un mandat d’amener pris à son encontre. « Je ne suis pas satisfait parce qu’on aimerait que ce genre de justice ne soit pas pour les cités », a déclaré un des avocats de la défense Me Patrick Arapian, se référant aux témoignages anonymes. « Il n’y a pas une justice des pauvres et une pour les riches. » En dépit ce jugement d’appel, la justice n’en a pas encore fini avec les événements de Villiers-le-Bel. Au terme d’une longue instruction, le policier qui conduisait la voiture entrée en collision avec les deux adolescents a été renvoyé en septembre devant le tribunal correctionnel pour homicides involontaires.

Une information judiciaire pour faux témoignages visant les policiers qui l’accompagnaient dans la voiture est par ailleurs toujours en cours à Pontoise.

Info FM : l’incroyable histoire de Mara Kanté, espoir du football brisé en pleine ascension

01/11/2012 - 13 h 20 Autres championnats » Autre championnat 36 Commentaires
Mara Kanté vous raconte son histoireMara Kanté vous raconte son histoire©Maxppp

Parce que le football ne se résume pas aux frasques de Mario Balotelli, aux dribbles de Neymar et aux buts à foison de Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, Foot Mercato vous propose de partir à la rencontre de Mara Kanté, au centre d'une histoire singulière et poignante.

Accusé de tentative d’homicide sur les forces de l’ordre durant les émeutes de Villiers-le-Bel en 2007, Mara Kanté a fait 29 mois de prison, dont 11 en isolement. Cet homme de 25 ans a finalement été acquitté, et sort un livre intitulé « Préjugé Coupable », pour raconter son histoire. Contacté par nos soins, le gaucher vous retrace son parcours de jeune footballeur plein d’espoir, avant donc ce triste épisode : « J’étais jeune, j’étais clairement consacré à mon football. Je mettais tous les moyens nécessaires pour atteindre un certain niveau et prétendre à postuler, à faire des demandes dans différents clubs professionnels ou semi-professionnels. Je n’avais pas de casier judiciaire, j’étais simplement dans l’optique où il fallait réussir, et la voie la plus adaptée pour moi était le football. J’évoluais dans des clubs amateurs, je n’ai pas fait de centre de formation. J’ai commencé à Villiers-le-Bel, en gravissant les paliers doucement, en moins de 15 à Gonesse, en District 1. Après, j’étais en DH, et je suis passé en Senior DH, en étant surclassé. J’étais ensuite en 18 ans nationaux à Brétigny-sur-Orge, j’ai atteint un certain palier. J’étais un mec qui était parti du bas de l’échelle dans le football, et je me disais alors qu’il y avait quelque chose à faire, qu’on pouvait en faire un vrai bagage pour arriver, si ce n’est pas en L1 ou en L2, au moins en National. Je suis latéral gauche ou ailier gauche. Je regarde beaucoup des joueurs comme Coentrão, Marcelo, Evra, Assou-Ekotto, ou au milieu quelqu’un comme André Ayew, Rivaldo ».

Plein d’espoir, le joueur a donc été stoppé dans son élan, placé en maison d’arrêt et faisant 11 mois en isolement. De quoi le couper totalement du ballon rond : « Je ne pouvais pas jouer au football. Je n’ai pas pu jouer pendant longtemps. Pendant toute ma période en isolement, j’ai dû peut-être toucher cinq ou six fois le ballon, parce que j’avais droit à une grande cour de promenade une fois par mois, et c’est là qu’on pouvait jouer entre isolés. Mais bon, entre isolés, il n’y avait pas de footballeurs (rires), il y avait des personnes plus âgées que moi, de 50-60 ans, et quelques jeunes. Je jouais pratiquement tout seul histoire de me faire plaisir. Après, une fois transféré à Villepinte, je pouvais jouer au foot 3 fois par semaine, et c’était un soulagement. Je ne connais pas de footballeurs professionnels directement. Mais un ami à moi, Alimamy Diabira, avec qui j’ai joué à Brétigny-sur-Orge et qui est maintenant agent de joueurs de football, me dit que beaucoup de personnes du milieu sont touchés par ma situation. Un autre ami, Kevin Rimane, qui était au PSG et qui est maintenant à Boulogne-sur-Mer, m’a dit que les gens au PSG étaient touchés par mon parcours, mon épreuve. J’ai entendu qu’un jeune comme Neeskens Kebano parlait de moi, qu’il était touché par mon histoire du fait de mon âge aussi. Ça m’a touché, je suis humain. Tout témoignage, direct ou indirect, me va droit au cœur ».

Touché par les témoignages de soutien qui se sont multipliés, Mara Kanté doit se reconstruire. Et une chose est sûre : le football fera assurément partie de sa vie : « Le foot fera toujours partie de ma vie. C’est difficile, parce que j’aspirais à vivre de mon football. C’était mon rêve, il était possible. J’ai réussi à rebondir. Après trois ans de détention, j’ai retrouvé un niveau de National, malheureusement les contacts avec les clubs de National ne se sont pas concrétisés. Je suis déçu mais c’est la vie, c’est comme ça. Le jour où je ferai une croix sur ce rêve, c’est que je ne pourrai vraiment plus jouer. J’y crois toujours dans un petit coin de ma tête. Quand je regarde bien, que je joue contre des amis qui jouent en National ou en CFA, ils me demandent si j’ai vraiment arrêté le foot ! En tout cas, à vous les lecteurs de Foot Mercato, je vous dis de croire en la vie, de vous battre, et de ne rien lâcher ». Un message à ne jamais oublier.

Le sujet sur Kanté existe déjà ici : Mara Kanté

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01/11/2012 - 13 h 20 Autres championnats » Autre championnat 36 Commentaires
Mara Kanté vous raconte son histoireMara Kanté vous raconte son histoire©Maxppp

Parce que le football ne se résume pas aux frasques de Mario Balotelli, aux dribbles de Neymar et aux buts à foison de Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, Foot Mercato vous propose de partir à la rencontre de Mara Kanté, au centre d'une histoire singulière et poignante.

Accusé de tentative d’homicide sur les forces de l’ordre durant les émeutes de Villiers-le-Bel en 2007, Mara Kanté a fait 29 mois de prison, dont 11 en isolement. Cet homme de 25 ans a finalement été acquitté, et sort un livre intitulé « Préjugé Coupable », pour raconter son histoire. Contacté par nos soins, le gaucher vous retrace son parcours de jeune footballeur plein d’espoir, avant donc ce triste épisode : « J’étais jeune, j’étais clairement consacré à mon football. Je mettais tous les moyens nécessaires pour atteindre un certain niveau et prétendre à postuler, à faire des demandes dans différents clubs professionnels ou semi-professionnels. Je n’avais pas de casier judiciaire, j’étais simplement dans l’optique où il fallait réussir, et la voie la plus adaptée pour moi était le football. J’évoluais dans des clubs amateurs, je n’ai pas fait de centre de formation. J’ai commencé à Villiers-le-Bel, en gravissant les paliers doucement, en moins de 15 à Gonesse, en District 1. Après, j’étais en DH, et je suis passé en Senior DH, en étant surclassé. J’étais ensuite en 18 ans nationaux à Brétigny-sur-Orge, j’ai atteint un certain palier. J’étais un mec qui était parti du bas de l’échelle dans le football, et je me disais alors qu’il y avait quelque chose à faire, qu’on pouvait en faire un vrai bagage pour arriver, si ce n’est pas en L1 ou en L2, au moins en National. Je suis latéral gauche ou ailier gauche. Je regarde beaucoup des joueurs comme Coentrão, Marcelo, Evra, Assou-Ekotto, ou au milieu quelqu’un comme André Ayew, Rivaldo ».

Plein d’espoir, le joueur a donc été stoppé dans son élan, placé en maison d’arrêt et faisant 11 mois en isolement. De quoi le couper totalement du ballon rond : « Je ne pouvais pas jouer au football. Je n’ai pas pu jouer pendant longtemps. Pendant toute ma période en isolement, j’ai dû peut-être toucher cinq ou six fois le ballon, parce que j’avais droit à une grande cour de promenade une fois par mois, et c’est là qu’on pouvait jouer entre isolés. Mais bon, entre isolés, il n’y avait pas de footballeurs (rires), il y avait des personnes plus âgées que moi, de 50-60 ans, et quelques jeunes. Je jouais pratiquement tout seul histoire de me faire plaisir. Après, une fois transféré à Villepinte, je pouvais jouer au foot 3 fois par semaine, et c’était un soulagement. Je ne connais pas de footballeurs professionnels directement. Mais un ami à moi, Alimamy Diabira, avec qui j’ai joué à Brétigny-sur-Orge et qui est maintenant agent de joueurs de football, me dit que beaucoup de personnes du milieu sont touchés par ma situation. Un autre ami, Kevin Rimane, qui était au PSG et qui est maintenant à Boulogne-sur-Mer, m’a dit que les gens au PSG étaient touchés par mon parcours, mon épreuve. J’ai entendu qu’un jeune comme Neeskens Kebano parlait de moi, qu’il était touché par mon histoire du fait de mon âge aussi. Ça m’a touché, je suis humain. Tout témoignage, direct ou indirect, me va droit au cœur ».

Touché par les témoignages de soutien qui se sont multipliés, Mara Kanté doit se reconstruire. Et une chose est sûre : le football fera assurément partie de sa vie : « Le foot fera toujours partie de ma vie. C’est difficile, parce que j’aspirais à vivre de mon football. C’était mon rêve, il était possible. J’ai réussi à rebondir. Après trois ans de détention, j’ai retrouvé un niveau de National, malheureusement les contacts avec les clubs de National ne se sont pas concrétisés. Je suis déçu mais c’est la vie, c’est comme ça. Le jour où je ferai une croix sur ce rêve, c’est que je ne pourrai vraiment plus jouer. J’y crois toujours dans un petit coin de ma tête. Quand je regarde bien, que je joue contre des amis qui jouent en National ou en CFA, ils me demandent si j’ai vraiment arrêté le foot ! En tout cas, à vous les lecteurs de Foot Mercato, je vous dis de croire en la vie, de vous battre, et de ne rien lâcher ». Un message à ne jamais oublier.

on l'avait déjà vu cet article sur le forum, le Kanté il voudrait passer pour une victime!

Sur C8, dans Balance ton post,

Extrait du Journal de Saône et Loire, édition du mercredi 9 février
https://c.lejsl.com/faits-divers-justice/2022/02/08/de-villiers-le-bel-a-louhans-destin-d-un-ex-footballeur-acquitte

De Villiers-le-Bel à Louhans, destin d’un ex-footballeur acquitté

Après les émeutes de Villiers-le-Bel fin 2007, Mara Kanté a été interpellé, placé en garde à vue, puis mis en détention pendant 29 mois. Il a été acquitté à deux reprises. C’est à Louhans-Cuiseaux, quelques mois après sa sortie de prison, qu’il avait tenté de se relancer dans le football. Aujourd’hui, il publie ses « chroniques d’un détenu » sur Instagram.

Août 2010. Avec deux autres joueurs susceptibles d’être enrôlés par Louhans-Cuiseaux (4e division française), Mara Kanté quitte la banlieue parisienne, direction la Bresse. Il prend le strict nécessaire pour s’entraîner, persuadé qu’il sera de retour dans le Val-d’Oise le soir même : une paire de crampons, des claquettes pour la douche et une serviette feront l’affaire.

Les trois joueurs passent la nuit dans la voiture, se brossent les dents dans une station-service et partent ensuite à l’entraînement du matin. Quelques minutes seulement après les premières passes, Aliou Cissé, le coach adjoint, indique à Mara Kanté que le staff est d’accord pour le recruter. Le deal est passé. « Je suis resté peut-être une semaine à Louhans sans affaires. Je n’avais que le survêtement avec lequel j’étais venu », se marre-t-il aujourd’hui.
Une aubaine après 29 mois derrière les barreaux

Ce contrat est une aubaine alors qu’il vient de passer 29 mois derrière les barreaux suite aux émeutes de Villiers-le-Bel ( lire par ailleurs ) et qu’il rêve encore de devenir footballeur professionnel. Louhans, c’est aussi l’occasion de se reconstruire immédiatement puisque Mara Kanté débarque en Bresse quelques jours seulement après avoir quitté le milieu carcéral, le 23 juillet 2010. Plusieurs partenaires sont au courant de son histoire qui, à cette époque, n’est pas encore finie puisqu’un appel a été formulé par le parquet après son acquittement en première instance.

Sur le plan sportif, la saison est extrêmement compliquée avec seulement deux succès au compteur. Et le deuxième procès de Mara Kanté, fixé en octobre 2011, se profile déjà. « Après Louhans-Cuiseaux, j’étais fatigué humainement par ce que la vie m’avait proposé jusqu’ici. J’étais dégoûté du foot car on n’avait pas été payé pendant six mois (Ndlr : le président de l’époque, Alassane Sow, a été condamné, en 2019, à 30 mois de prison ferme pour abus de bien du crédit d’une société à des fins personnelles). La réalité m’a rattrapé et ça a été une grosse réflexion. À cet instant, je recommence tout à zéro tellement je suis perdu. Et je me demandais comment faire pour raconter cette histoire incroyable. »

Mara Kanté décide d’écrire un livre avec une journaliste

Après son deuxième acquittement, Mara Kanté prend attache avec une journaliste qui connaît très bien l’histoire des émeutes de Villiers-le-Bel. C’est avec elle que le feeling est le mieux passé depuis le début de l’affaire. Elle s’appelle Aurélie Foulon et travaille au Parisien. Ensemble, ils écrivent un livre, Préjugé(s) coupable(s) : Villiers-le-Bel, une vie après les émeutes qui sort le 2 novembre 2012.

Pour l’ancien footballeur, c’est une nouvelle vie qui commence. Il bosse quelque temps chez Foot Locker, un magasin de sport, avant de se lancer dans l’animation auprès des jeunes. Son corps, mis à l’arrêt peut-être un peu trop longtemps en détention, ne tient plus le choc face aux exigences de la compétition sportive. Alors, Mara Kanté décide de remiser ses crampons au fond de l’armoire.

À 34 ans, quatorze ans après le début de ses ennuis, l’ancien latéral gauche de Louhans-Cuiseaux va désormais tenter de décrocher un diplôme d’accès aux études universitaires (DAEU). Pour pouvoir étudier le droit et cette justice qu’il a longtemps vue de près.

Je suis resté peut-être une semaine à Louhans sans affaires. Je n’avais que le survêtement avec lequel j’étais venu.

Mara Kanté

Un CRS chalonnais raconte : « J’ai pris trois plombs ce soir-là »

Aujourd’hui à la retraite, Bernard (prénom d’emprunt) n’a rien oublié des événements de Villiers-le-Bel. Même les détails pouvant paraître insignifiants sont toujours coincés dans sa mémoire. Les CRS de la 43, celle implantée sur l’île Saint-Laurent à Chalon-sur-Saône, sont mobilisés dès le lundi pour une opération de maintien de l’ordre.

Rapidement, Bernard a un pressentiment et en réfère à son commandant. « Je lui ai dit : “je vais mettre mes jambières, même si ce n’est pas pratique pour conduire, et mon gilet pare-balles”. Moi, j’étais chauffeur. Et ça n’a pas loupé, ça a commencé à bouger. Ça courait un peu partout. On se retrouve alors rue Salvador-Allende et c’est là qu’il y a eu les premiers blessés chez les CRS », livre Bernard, avant de narrer la scène un peu plus en détail.
Le collègue tombe à la renverse après un premier tir

« J’ai dit à mon collègue de fermer la porte latérale. Au moment où il ferme, je vois un mec sortir d’un immeuble, avec un canon scié, qui tire. Le collègue se prend deux décharges : une qui le fait tomber et une autre sous le casque. Je suis allé voir les pompiers à côté qui l’ont planqué sous une couverture. »

La scène, déjà effrayante, est pourtant loin d’être finie. « On quitte alors la rue Salvador-Allende en slalomant au milieu des caddies en feu et à un rond-point, je vois 300 gars qui veulent nous retenir. D’habitude, c’est l’inverse, ils font tout pour qu’on se barre. »

En voulant manœuvrer pour trouver une issue de secours, Bernard coince le camion sur un terre-plein central. Inéluctablement, le piège se referme et contraint les CRS à fuir. « On s’est sauvé du véhicule et on s’est fait canarder. Moi, j’ai pris trois plombs dans le bras et dans la cuisse. » Deux ont pu être extraits à son retour à Chalon mais un autre est toujours logé dans sa jambe. Les CRS de la 43 ne devront leur salut qu’à l’intervention salvatrice d’une autre compagnie venue en soutien.

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29 mois en prison, un an à l’isolement

Quand il est incarcéré, le 23 février 2008, Mara Kanté est instantanément placé à l’isolement à la prison de Fresnes. Il est alors persuadé que sa détention sera courte. Mais elle s’éternise. Et les journées sont longues. « À 6 heures du mat’, ils (les surveillant, Ndlrs) font leur ronde et ouvrent la porte. “Kanté ?”. “Présent”. Après, c’est le petit-déj’, puis la promenade dans une cour qui fait 30 mètres de longueur et 15 de largeur. » Assez pour faire des pompes ? « Pff, je ne faisais rien du tout », soupire Kanté.
Un livre lu en prison lui donne la passion de la lecture

Seul dans sa cellule, il tue le temps en regardant la télé. Il ne lit pas. Enfin, pas encore. Car c’est bien un bouquin qui changera définitivement sa vue sur la vie : Messages de vie du couloir de la mort de Roger McGowen, un détenu américain qui est, quand il rédige ces pages, détenu depuis 16 ans pour un crime qu’il n’a pas commis. Cet ouvrage donnera à Mara Kanté la passion de la lecture. Désormais, il lit au moins deux livres par mois.

Après Fresnes, Kanté est transféré dans deux autres prisons de la région parisienne : Villepinte, puis Osny. Il s’accroche jusqu’à sa libération après 29 mois sous écrou.

En 2019, Mara Kanté a annoncé sa candidature pour devenir maire de Sarcelles. Il n’a toutefois pas pu aller au bout de la démarche. Aujourd’hui, il compte 12 700 abonnés sur Instagram avec qui il partage des textes hashtagués “chronique d’un détenu”. On y découvre le quotidien en milieu carcéral.

Pendant de nombreuses années, l’ancien footeux a tenté de chasser de son esprit cette sombre histoire. Puis, il a finalement décidé, après mûre réflexion, de prendre le chemin opposé. Désormais, il en parle ouvertement. « Pour sensibiliser », explique-t-il.

Dans de sales draps à cause d’une dénonciation mensongère

C’est suite à une dénonciation mensongère que Mara Kanté s’est retrouvé dans d’aussi sales draps. À tort, il a donc été accusé d’avoir voulu tuer des policiers lors des émeutes de Villiers-le-Bel. À la fin du premier procès, Kanté fut acquitté de la tentative de meurtre mais condamné à trois ans de prison pour port d’armes. En appel, il a été définitivement lavé de toutes les charges qui pesaient contre lui. Néanmoins, une question demeure : pourquoi la justice a-t-elle mis autant de temps avant de l’innocenter, à deux reprises ? « Parce qu’elle est humaine. En face de vous, ce ne sont pas des robots, répond Kanté. Quand un être humain est buté sur quelque chose… On (lui et ses avocats, Ndlr), s’est bien battu et on a réussi à démonter l’accusation point par point. » Mara Kanté connaît l’identité de celui qui l’a balancé. Il l’a même recroisé. Sans haine. « Je l’ai vu une fois. J’ai rigolé », soupire-t-il avec détachement.

Les émeutes de Villiers-le-Bel

Le dimanche 25 novembre 2007, à Villiers-le-Bel, une voiture de police en intervention et deux adolescents circulant sur une motocross entrent en collision. Les jeunes Moushin (15 ans) et Laramy (16 ans) sont tués dans l’accident. Pendant deux semaines, des émeutes éclatent à Villiers-le-Bel mais aussi dans les communes avoisinantes. 91 policiers sont blessés au cours des affrontements, certains par arme à feu. Le 18 février 2008, 38 personnes sont interpellées à l’issue d’une opération de grande envergure.

Lors du procès en appel, en octobre 2011, devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine, des peines de 3 à 15 ans de prison sont prononcées à l’encontre de trois hommes. Mara Kanté, lui, est acquitté une deuxième fois.

En septembre 2013, le policier qui conduisait la voiture au moment de l’accident est condamné à six mois de prison avec sursis pour homicide involontaire.